invitation à l'exposition MUZE’UM L

La lumière et l’œuvre / L’œuvre et la lumière

La lumière et l’œuvre / L’œuvre et la lumière

La lumière pénètre le musée, douce ou franche, tranchante même, com- me des lames selon l’humeur du soleil.
Alors, elle rase les murs qu’elle découpe en de nouvelles surfaces géomé- triques, remodèle l’architecture qui l’accueille par ses fentes en des droites, par sa coupole en des courbes. Ses longs murs, eux-mêmes, la répliquent en un jeu de reflets subtilement mobiles, puis elle joue sur le sol ou se plie, s’étire dans les angles des murs.

Elle nous émerveille par son graphisme.

Parfois elle s’arrête un long moment et on pourrait croire qu’elle se fige mais elle continue de se dessiner magique dans sa nonchalante mobilité. Elle peut aussi se dissimuler au gré de notre climat tempéré et se cacher, laissant place à un moment de repos opalin.
Elle décide du temps par son mouvement changeant, elle nous impose le temps comme un cadran solaire quand elle se décline en fins rubans. Pourtant impalpable cette lumière, elle ne touche que les yeux.

L’artiste est là pour la figer, la rendre réelle, l’évoquer plus que la matérialis- er mais au moins la fixer un moment en se disant que cette fois son éternel voyage recommencera, la rendra concrète et définitive mais ce n’est là qu’un leurre, une convention humaine.

Ombres et lumières se jouent de nous et ma création se veut percée, transparente, aérienne comme la lumière elle même.
Par son tracé, elle révèle un nouveau dessin, un dessin frère qui contourne à sa façon le jeu fugace d’une autre lumière.
Elle capte un soleil imaginaire dans des cadres dissymétriques.
Un autre instant imaginaire de lumière, notre source de vie.

Marie-Paule Haar, 2020